Science et infidélité : que sait-on vraiment (ou pas) ?

Différents chercheurs ont déjà essayer d’étudier les comportements amoureux …

Les études sur l’infidélité sont moins nombreuses.

Mais il en existe tout de même un certain nombre.

Petit tour d’horizon de ce que la science peut nous apprendre concernant les relations infidèles ?


L’infidélité est-elle génétique ?

Abordons tout de suite une question qui fait particulièrement débat.

Il semblerait qu’un gène soit responsable de ces «petits écarts » qui peuvent survenir au sein d’un couple.

Qu’en est-il exactement ?

Une étude entreprise par des chercheurs de l’Université de Binghamton (E.U.) explique la cause de l’infidélité en grande partie à un gène, le DRD4NTR ; les hommes comme les femmes peuvent en être porteurs. C’est d’ailleurs le même gène que l’on retrouve à l’origine de plusieurs dépendances (alcool, tabac, drogues, jeux de hasard, achats compulsifs). Celui-ci se déclinerait en génotypes, plus précisément le 7R+, qui prédisposerait certaines personnes plus que d’autres à ressentir le besoin de vivre des aventures érotiques extraconjugales.

Oui !

La génétique indique bien un lien possible entre infidélité et notre héritage génétique.

Mais attention !

Ce critère reste un critère parmi d’autres (les expériences personnelles, les influences sociales, une vie de couple malheureuse) …

L’humain est-il naturellement monogame ?

Autre question qui revient souvent.

L’humain (les hommes tout autant que les femmes – voir plus bas) est-il naturellement monogame ?

Selon plusieurs chercheurs qui se sont penchés sur cette question (voir par exemple cette interview de Christophe Colera), notre ancêtre Homo Sapiens présentait un comportement sexuel assez adaptable. S’il se sentait plus à l’aise dans un système polygyne, il n’hésitait pas à opter pour la monogamie lorsqu’il ne pouvait s’occuper de plus d’une famille.

Au fil du temps, l’évolution l’aurait poussé peu à peu vers un comportement sexuel monogame, mais sans que ses racines en soient complètement effacées pour autant … N’oublions pas que, selon les sondages, il y a presque autant de femmes que d’hommes qui vont « voir ailleurs ».

D’un autre côté, les primatologues et les biologistes d’aujourd’hui sont d’avis que nous sommes mieux adaptés pour la vie à deux. Ce qui explique sans doute pourquoi les statistiques des sondages montrent que les enfants sont la plupart du temps issus du père qu’ils reconnaissent comme tel.

Les hommes, plus infidèles que leurs compagnes ?

Le docteur Catherine Solano, auteure de « Les Trois cerveaux sexuels », explique que l’idée que les hommes sont plus portés à l’adultère que les femmes est un cliché ; surtout s’ils sont impliqués dans une vie sentimentale satisfaisante.Par ailleurs, selon elle, les hommes feraient plus tôt dans la vie la distinction entre amour et désir, alors que les chez les filles, l’implication sexuelle et le sentiment sont plus difficiles à dissocier.

Autre aspect à considérer : un nombre important d’hommes et de femmes en couple, adoptent une attitude « open » face aux occasions de relations intimes qui peuvent survenir dans la vie de l’autre partenaire. Dans ce contexte, la franchise, l’honnêteté et l’authenticité constituent l’essentiel des valeurs recherchées.

Dans les sociétés latines et catholiques, il a été noté cependant que la gent masculine est plus encline à l’adultère que ne le sont les femmes.

Depuis 1972, la General Society Survey étudie le comportement sexuel des Américains. La plus récente étude de cet organisme indique toutefois que les femmes tendent à rejoindre les hommes pour ce qui est du taux d’aventures conjugales avouées (car le total réel pourrait bien être plus élevé).

Des chercheurs de l’Université de Tilburg (Pays-Bas) ont publié les résultats d’une étude, dans la revue Psychological Science, qui démontrent que l’infidélité tant chez les hommes que chez les femmes dépendrait aussi du statut social et économique. Les femmes deviendraient plus audacieuses dans leur vie intime, alors que les hommes tendraient, au contraire, à adopter des comportements plus conventionnels au cours du temps.

Une étude effectuée par le Dr. Helen E. Fisher, anthropologue, et commandée par le site Match.com cette année, a mis en évidence que 77% des femmes vivant en couple souhaitent conserver une zone d’intimité personnelle, contre 58% chez les hommes. Autre précision : 35% des femmes sondées tiennent à passer des soirées entre amis, sans leur conjoint, alors que 23% des hommes ont affirmé éprouver ce besoin.

Les faits le prouvent, l’infidélité est bien un comportement de plus en plus banal …

Les dernières études de l’ifop indiquent qu’un homme sur deux et qu’une femme sur trois admettraient spontanément avoir déjà trompé leur conjoint.

Même si le sujet reste encore un peu tabou, on parle de plus en plus ouvertement – entre amis, publiquement, dans les médias (à la télé, sur internet, dans les journaux ou même dans la presse « people ») de l’infidélité.

Le phénomène serait même en progression, en particulier chez les femmes.

En tout cas, plusieurs psychologues (Ruth Westheimer, Scott Haltzman, Eric Anderson) s’accordent pour dire que ce type de relation – affective et / ou sexuelle – s’est beaucoup banalisée depuis le début du XXème siècle.

Un comportement pulsionnel ?

Encore d’autres considérations biologiques – d’ordre hormonal.

Une pionnière étude en la matière avait été effectuée par des scientifiques de l’Université du Texas (États-Unis), en 1992, auprès de 506 hommes (moyenne d’âge : 32 ans) et 412 femmes (moyenne d’âge : 27 ans); il avait été démontré que plus de 23% des hommes avaient vécu au moins une aventure sexuelle avec une autre partenaire et chez les femmes, 19%. La plupart des participants s’étaient présentés comme « monogames ».

Quant à la cause de cette situation extraconjugale, elle aurait été due, chez l’homme, à une plus intense excitation sexuelle combinée à une maîtrise de soi plus faible que chez la femme, lorsque se présente une pulsion érotique.

Le démon du midi : une réalité ?

Une fois passé le cap de la quarantaine, on fait souvent le bilan de ce qu’on a réalisé dans notre vie jusqu’ici … Où pas …

Cette réflexion, qui touche beaucoup d’hommes, et un certain nombre de femmes, se traduit souvent par le besoin de « rattraper le temps perdu ». La peur de vieillir, de plaire moins ou plus du tout, de se trouver piégé dans la routine et d’ennuyer l’autre, poussent même certains à quitter le foyer familial.

Cette crise du mitan de la vie, qui réveille parfois une nostalgie de la jeunesse perdue, peut inciter à vouloir vivre une expérience exaltante avec quelqu’un de différent, souvent plus jeune.

  • Chez les hommes, en particulier, cet élan peut correspondre à un besoin de prouver qu’ils peuvent encore séduire, être admirés et se sentir amoureux. C’est le cas surtout des hommes qui sont entrés très jeunes dans la vie de couple ; ils ont maintenant l’impression qu’il serait plus valorisant d’attirer des femmes plus jeunes que celles de leur âge. Après la cinquantaine, en particulier, le désir de rehausser leur image face aux autres mâles constitue un autre incitatif à se lancer dans une aventure extraconjugale.
  • Chez la femme, arrivée elle aussi à cette étape de la vie, le phénomène du « Cougar » se rencontre plus fréquemment qu’autrefois. C’est l’appellation qui est donnée aujourd’hui à une femme de 40 ans et plus qui a choisi de fréquenter un homme beaucoup plus jeune qu’elle. Il s’agit fréquemment d’une professionnelle, célibataire ou divorcée et sans enfants, qui paraît plus jeune que son âge. On trouve maintenant des émissions télévisées, des sites et des clubs de rencontre qui sont consacrés exclusivement aux Cougars.

L’hormone de l’attachement

Une étude de l’université Bar-Ilan d’Israël a découvert que les personnes qui étaient toujours avec le même partenaire présentaient des niveaux plus élevés d’ocytocine (parfois de l’ordre du double).

Les chercheurs ont remarqué que ces personnes étaient aussi plus câlines / tactiles, manifestant le besoin de toucher leur partenaire plus souvent.

L’étude conclut que l’ocytocine pourrait être un indicateur pertinent afin de préjuger de l’avenir d’une relation …

Quelques années plus tard, une autre étude – réalisée par des chercheurs de l’Université de Bonn (Allemagne) sur 57 hommes hétérosexuels et en couple – a repris et essayé de valider les résultats de l’étude des chercheurs israélien. Il s’agissait de vérifier comment des hommes ou des femmes réagiraient à l’administration de l’hormone ocytocine (par spray nasal). Précisons que certains hommes ont reçu un placebo.

Il s’est avéré que les hommes ayant inhalé de l’ocytocine avaient réussi à résister davantage aux femmes séduisantes que les autres participants. On appelle désormais l’ocytocine « l’hormone de l’attachement ».

Étrangement, aucun effet particulier n’a été constaté chez les hommes célibataires qui ont reçu de cette hormone.

La même étude a démontré que l’ocytocine – en plus de son effet sur l’activité sexuelle -favorise également les liens familiaux, augmente la confiance en soi et l’ouverture d’esprit envers les autres. En couple, elle contribuerait à faire diminuer les conflits et à réduire le stress. Il a même été prouvé que, si l’ocytocine est présente à un haut niveau chez les deux partenaires au début de leur relation, il y a de fortes chances que leur couple dure plus de six mois.

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